Quand on se lance dans l’upcycling pour des raisons écologiques et militantes, repenser la chaîne de production ne s’arrête pas à la manière de faire des vêtements. Elle va en réalité s’étendre à l’intégralité du fonctionnement de l’entreprise : du nombre de kilomètres parcourus pour faire les produits, à leur emballage d’envoi, en passant par la conception du site… Tout y passe !
L’upcycling sauce 42, une mode éthique et locale
Couper court aux fringues qui ont fait plus de pays que la moitié des français.es au cours de leur vie
La première décision que l’on a prise quand on s’est lancé c’est de faire attention au nombre de kilomètres parcourus par nos vêtements. Aujourd’hui on sait que vos jeans voyagent + que ce que vous voyagerez au cours de votre vie – en moyenne ils font la moitié d’un tour du monde avant d’arriver dans votre placard, autant te dire qu’il fallait se lever tôt pour les concurrencer !
Enfin si on en croit Jamy, en réalité un vêtement peut parcourir jusqu’à 65 000km avant d’arriver dans tes mains.
Et là il faut encore rajouter le nombre de kilomètres qu’il va faire pour arriver jusque dans ton placard… Et tout ceux qu’il va encore parcourir une fois que tu l’auras jeté ! Parce que si tu le mets à la poubelle, ou même dans des centres de tris, rien n’exclut qu’il finisse dans des décharges à ciel ouvert en Afrique – sauf si on l’attrape au vol au passage, et qu’il devienne une création Gambelles bien sûr!
Pourquoi produire loin quand on peut faire de l’upcycling en local
D’ailleurs, pour récupérer nos vêtements, on ne va pas très loin. On a essayé de tout faire 100% stéphanois, et ne pas sortir du 42, mais on n’a pas réussi à trouver de grossiste / fournisseur qui nous convienne. Le coup de cœur c’est fait dans un territoire à peine plus loin, et quand même un peu perdu, puisqu’il s’est fait à Aubusson, dans la Creuse !
Aubusson, c’est historiquement la ville de la tapisserie : entre ça et le fait que Sainté soit un ancien bassin textile, autant dire que l’on nage dans l’héritage de savoir-faire textiles. Et c’est véritablement ce qui nous plait : pouvoir conserver les connaissances textiles sur notre territoire.
On a encore la chance à Saint-Étienne d’avoir beaucoup de couturières et d’ateliers de couture, ainsi que d’autres savoir-faire. C’est grâce à cette richesse que nous avons pu trouver en local toutes nos sous-traitantes : de la couture, à la sérigraphie en passant par la broderie.
Il y a encore des diplômes dans les métiers de la mode, des entreprises historiques et des musées qui conservent nos savoirs.
Mais l’upcycling ne s’arrête pas là, la confection textile n’est qu’une partie de la production
Les Emballages: le casse-tête
Prendre la décision de ne se lancer que sur internet, c’est aussi prendre la décision que nous allons devoir faire de l’envoi. Qui dit envoi dit : création d’emballages, trajets de dépôt des colis, retours des colis… Bref. Forcément, ça ajoute un peu plus de CO2 que le fait de vendre en boutique.
Et puis aussi, l’envoi c’est un monde à part. Déjà tu savais qu’on ne parlait qu’en millimètre à chaque fois ? Mais aussi il y a plein de choses à prendre en compte : la résistance du paquet, sa capacité à être renvoyé ou pas, à encaisser les coups… Bref, beaucoup de choses à prendre en compte. Au début, on voulait partir sur des colis réutilisables – avec une initiative proche de nous puisqu’elle nous vient de Haute-Loire, qui sont fait à partir de l’upcycling de bâches publicitaires : Ecopack Solutions. Et puis avec le fait qu’on ne savait pas sur quel volume partir, si on pourrait mettre tous les vêtements en cas de grosse commande ou pas… Bref, trop d’interrogations, qui ne seront répondues qu’après avoir un peu + de bagages! On s’est donc tournées vers une solution plus classique, les bonnes boîtes en cartons.
Encore une fois, impossible n’est pas stéphanois. Et on s’est tourné vers les experts de ce domaine : BBA Emballages. Déjà ce qu’on peut dire c’est qu’on a été au petit soin avec nous de A à Z, en nous expliquant et détaillant tous les points d’attention nécessaire à notre prise de décision. Ensuite on nous a reçu en grandes pompes, en nous montrant toutes les collections des colis dédiés à l’e-commerce.
Et c’est ce qui nous a aidé à choisir les tailles, la résistance et la manière de les envoyer. Nos colis sont pensés pour que tu puisses renvoyer tes vêtements dedans facilement en cas de retour – ou pour expédier tes colis Vinted. Ils sont faits en cartons recyclés. Et on a choisi seulement deux formats, qui nous permettra de ne pas t’envoyer un carton immense, avec plein de bourrage, pour seulement y mettre juste un t-shirt.
Les Étiquettes : les bonnes idées
Comme on l’a dit, Saint-Étienne est faite d’entreprises historiques. C’est grâce à cela que l’on a pu acheter nos étiquettes de manière locale en les faisant faire par l’entreprise Neyret. Cette entreprise de tissage et rubanerie existe depuis 1823, ils sont à la huitième génération de dirigeants! Et depuis tout ce temps, ils se sont battus pour continuer de produire et travailler à Saint-Étienne. Spécialisé dans l’étiquetage des produits de luxe, ils ont aussi mis en place tout un tas de choses pour aider à la traçabilité et la composition des produits grâce à des étiquettes intelligentes. Maintenant que la loi AGEC est passé, et que tous les géants de la mode vont devoir fournir des preuves sur la composition et la provenance de leurs vêtements, on peut espérer que leur marché va continuer de s’agrandir !
Mais ce n’est pas tout. Une fois que l’on a cousu l’étiquette de la marque, il fallait que l’on ajoute une étiquette de composition, avec les instructions de lavage etc. Tu sais, la petite étiquette en carton ou plastique, qui est accrochée avec un autre bitognot* en plastique, que tu vas arracher et jeter environ 5 secondes après avoir acheté tes fringues ?
Bon. Et bien il fallait quand même qu’on en mette une, pour pouvoir remettre la composition des vêtements dont on a coupé l’étiquette originale… Et franchement ça nous embêtait. De produire un truc que l’on va jeter par la suite. On aurait aussi pu faire des étiquettes de compositions à remplir et coudre – mais bon, ça se paie et ça fait vite cher tout ça. Donc il fallait que l’on trouve une autre solution. Lancer notre marque d’upcycling et prendre le temps – quasiment deux ans quand même… de le faire, ça nous a permis de réfléchir à BEAUCOUP de détails.
Donc au moment de faire nos choix pour l’étiquette de composition, on a eu un éclair de génie – ou pas, à toi de juger. On s’est souvenu d’une conversation avec une amie entrepeneure qui nous parlait de permaculture : Bill Molison, le père de la permaculture, explique dans un de ses dix principes qu’un objet doit avoir plusieurs fonctions, 3 minimum. Ça a fait tilt pour nous ! Il fallait que nos étiquettes de composition remplissent plusieurs fonctions pour être écoresponsables selon nos critères.
Il fallait donc que l’on imagine un design qui permette leur réutilisation : on a opté pour une forme de marque-page. Comme ça, une fois que tu récupères tes vêtements upcyclés Les Gambelles, tu peux enlever cette étiquette mais la garder pour continuer tes lectures – je t’assure, on a toujours besoin d’un marque-page!
Mais ce n’est pas tout, le format de marque-page nous offre la possibilité d’avoir + de places pour écrire au dos. Donc, au lieu d’avoir dans un colis une carte de remerciement ET une étiquette de composition, on s’est dit qu’avec ce nouveau format on aura la place de concilier remerciements et composition. On réduit ainsi la quantité de matières à produire, notre principe de base dans notre démarche d’upcycling. On réduit aussi nos coûts, ce qui nous permet de garder notre promesse d’accessibilité dans nos prix.
*si tu lis ceci, tu n’es pas stéphanois.e et donc tu te demandes ce qu’on baragouines avec ce mot. T’inquiètes, c’est la petite leçon gaga du jour ! Un bitognot c’est un petit truc dont tu sais pas forcément le nom.