Upcycling rime toujours avec trois R. Ils sont très connus, tu les as peut-être vus passer dans les Galeries Lafayette et leur (RE)store : ils parlent de REcyclage, de REvente, et bien sûr de REstore – en anglais, store c’est magasin, mais du coup phonétiquement en français ça donne “restaure” dans le sens où on remet à neuf quelque chose.

Il y a aussi les très connus : Réduire. Réutiliser. Recycler, que même le gouvernement utilise dans sa sensibilisation écologique.

Repense : la manière de faire la mode grâce à l’upcycling

Pour nous cela signifie :

Repenser notre manière de produire, pour faire de la mode une industrie plus juste et responsable

On sait aujourd’hui que la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde. Dans son dernier rapport, Oxfam explique que l’industrie textile c’est 10% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Surtout que c’est un fonctionnement qui repose sur l’exploitation massive des femmes et enfants de pays étrangers. Oxfam parle de 12h de travail par jour pour une rémunération moyenne de 0,18€ de l’heure. Le mot “scandale” n’est pas assez fort pour décrire l’horreur que cette industrie inflige sur des populations précaires. Une rémunération juste des travailleur•es devrait être la base de toute entreprise.

Repenser notre manière de communiquer, montrer nos vêtements avec de vrais corps, non-retouchés, aux beautés plurielles

Une autre chose que l’industrie textile à participer à détériorer : l’image des femmes et la culture de la minceur. La taille de vêtements qui va être la plus produite est souvent le 36-38, alors même que les tailles 40 à 44 sont les plus vendues en France. Et que les personnes faisant + que du 44 représentent quasiment 40% de la population féminine.

Graphique des tailles françaises de vêtements

Graphique réalisé par @CorpsCool

Or cette représentation des mannequins aux corps impossibles à avoir – puisqu’ils sont photoshoppés, crée des attentes impossibles et, souvent, des complexes : on veut se débarrasser de ses kilos en trop, réduire sa cellulite, cacher ses vergetures. Et ce qu’on fasse du 36 comme du 52.

Pour nous cela doit arrêter. On voit de plus en plus de campagnes de marque de fast-fashion mettre enfin en lumière des corps différents, qui ne sont ni trop maigres, ni absolument parfaits, ni uniquement blancs. On ne veut pas retoucher nos modèles photos mais plutôt mettre en valeur leur beauté unique. Chaque personne avec qui l’on travaille a son propre style, son propre charme… Et c’est véritablement cela qui met nos vêtements en valeur. De montrer qu’on peut être stylé•e qu’on fasse du 34 au 58, avec ou sans seins, avec les cheveux longs, courts, colorés ou unis. On veut de vrais corps, pour que tu puisses te projeter et t’identifier plus facilement lorsque tu regardes nos pièces.

Repenser notre manière d’entreprendre, pour faire des Gambelles une entreprise d’upcycling inscrite dans l’ESS.

En faisant des Gambelles une entreprise hybride qui allie à la fois notre engagement militant tout en se reposant sur un mode économique viable et solidaire.

En d’autres termes, cela veut dire que l’on veut remplacer la concurrence par de la coopération. On veut remplacer des profits illimités par une lucrativité raisonnée et tournée vers la recherche et le développement. Veiller à ce que les salaires soient équitables et que les personnes soient payées à leur juste valeur.

Reporte : des vêtements déjà aimés

Peut-être le mot le plus plus évident de notre triptyque : reporte car au travers de l’upcycling nous transformons des vêtements pré-existants, pré-aimés, pré-portés.

Faire de l’upcycling pour ne pas ajouter de la matière.

Le choix de travailler à partir de vêtements qui existent déjà c’est évidemment un choix écologique. Celui de ne plus ajouter de la matière à ce qui est déjà produit en grande quantité. Et celui de pouvoir proposer des pièces uniques, où chaque vêtement est choisi à la main et où chaque détail est décidé en fonction du vêtement.

Mais aussi, faire de l’upcycling c’est lutter contre le  gaspillage vestimentaire impressionnant, : environ 4 millions de tonnes de textile est jeté en Europe chaque année. Cette manière de produire n’est plus viable, on ne peut pas continuer de sur-produire et jeter quasiment l’équivalent de ce qui est créé. Des vêtements, il y en a déjà bien assez, il faut apprendre à faire avec ce qu’on a déjà !

Peut-on faire de l’upcycling sans être amoureux•ses des fripes ?

Fripes Upcycling

Mais c’est aussi un choix de cœur, car si Les Gambelles se sont rencontrées sur les bancs du militantisme, c’est bien la passion et l’amour pour les fripes qui nous a réunis autour de ce projet!

Passer des journées entières à trier des montagnes de fringues, vivre dans des sapes au quotidien… Sans passion ce n’est pas possible. Quand on cherche les pièces que l’on va transformer, il faut les toucher, les trier, vérifier notre cahier des charges. Ça peut se faire plutôt naturellement. Mais aussi, on peut se retrouver dans des situations où les premiers choix que l’on avait fait, se retrouvent finalement ne pas être les bons.

C’est aussi le jeu de l’upcycling : des pièces uniques, donc un travail en amont assez important. Mais c’est parce que l’on veut vendre le meilleur, que l’on chine le meilleur.

Revendique : tes valeurs

Honnêtement quand on a présenté le triptyque pour la première fois, on a vu quelques personnes tiquer sur ce dernier mot. Revendique, c’est un peu fort non pour une entreprise ?

Ou alors la version inverse, Revendique, c’est un peu culotté pour une entreprise ? (dans le sens, est-ce que vous allez nous faire du pinkwashing ?)

Le besoin de faire de nos valeurs le moteur de notre marque d’upcycling.

Sauf que pour nous ce mot il est important et au cœur de notre entreprise. On revendique des valeurs fortes, on veut se battre pour plus de justice sociale, économique et écologique. On revendique le fait de vouloir casser les codes de la mode, libérer les corps et les cœurs des injonctions de beauté. On revendique la volonté de participer activement à la création d’une société plus emphatique, plus juste, plus solidaire.

Donc on l’a gardé. Et on l’adore.

Le militantisme est au coeur de cette aventure entrepreneuriale

Ces trois mots résument ainsi les Gambelles et leurs univers en un rien de temps. C’est ce qui reflète nos valeurs, tout en nous permettant de garder le cap. À chaque étape, on peut se poser juste la question : est-ce que ça participe à repenser, reporter, ou revendiquer ?

Et pour dire à quel point nous sommes fiers de ce triptyque, on l’a même brodé sur nos vêtements !

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